Les limites de l'éducation positive, savoir dire: STOP!

03avril
2023

Les limites de l’éducation positive, savoir dire : “stop !”

 

Phénomène de mode, réponse à des injonctions sociétales ou véritable outil de la parentalité, l’éducation positive est devenue un concept parfois fourre-tout. Emie, responsable de Planet Karapat à Lovagny, nous aide à y voir plus clair avec son point de vue de professionnelle de la petite enfance. Mais attention, prévient-elle, chaque contexte est particulier, chaque famille est différente, il ne s’agit pas, en tant que parent, de se mettre - encore - une pression supplémentaire !

 

Peut-on dire “non” à un enfant ? Faut-il poser des limites ? Interdire ?

La situation peut se résumer en trois actions simples à adopter : savoir dire stop, observer, écouter.

 

Comme ses collègues, la responsable de Planet Karapat à Lovagny remarque que les parents reçoivent énormément de conseils voire d’injonctions, de la part de leur entourage, des professionnels de la petite enfance, du corps médical, via les médias… Mais devenir un “super-parent”, parfait en toutes circonstances, un parent qui ne dit jamais “non” à son enfant et en même temps l'éduque, le sécurise, l’accompagne… est-ce réaliste ? Est-ce bénéfique pour l’enfant ? Plus simplement : Est-ce que le “non” a un intérêt ? Est-ce que l'enfant comprend ce que veut dire “non” ?

 

Dire “Stop !”

Tout d'abord, changeons nos habitudes d’adulte et privilégions le mot “stop” pour poser une limite claire. Cela nous évite aussi de dire “non” en réponse réflexe ou par tic de langage, alors que ce mot a un impact fort.

Par exemple en disant : “Stop. En grimpant tu risques de te faire mal”, le message passe. L’enfant se rend compte qu’il y a danger.

Il est indispensable de dire stop : S’il n’y a pas d’interdit, pas de limite, l’enfant risque d’être en insécurité, ce qui va mener à d’autres problèmes. Par exemple, on peut voir des enfants se refermer sur eux-mêmes, ne pas connaître les limites de leur propre corps, de pas avoir la conscience d’autrui…

Alors, quelle que soit la situation, lorsqu’il y a mise en danger, insécurité, pour un enfant, et à partir du moment où quelque chose impacte l’autre, le dérange, c’est qu’il y a un interdit.

Il faut que ça cesse et qu’il y ait une explication.

Les limites de l'éducation positive, savoir dire: STOP!

 

L’adulte à un rôle d’observateur

De même, lorsque c’est l’enfant qui dit “non”, la parole est à écouter et à respecter. Il arrive des situations où un tout-petit va dire ou va montrer par sa gestuelle : “non arrête, je ne suis pas d’accord, je n’ai pas envie”. Notre rôle d’observation - en tant qu’adulte - est de respecter cela, en posant une limite à l’enfant qui n’écoute pas ce “stop”.

Aux alentours de 18 mois, les enfants “testent” beaucoup. Parce qu'ils ont besoin d’être sécurisés, ils ont besoin de savoir s’ils peuvent faire confiance : l’adulte est un repère de sécurité. Les enfants qui sont en insécurité vont tester plus et exprimer ainsi leur besoin d’attention.

Résultat : des situations qui peuvent sembler conflictuelles et sont pesantes pour les parents. Mon enfant fait “des colères, des comédies”... “Il ne m’écoute pas et vous, il vous écoute ! ”..

 

Expliquer, écouter, entendre… Comment s’y prendre ?

Premièrement, la collectivité et le cercle familial sont des espaces très différents. Les professionnelles de la petite enfance sont des figures d’attachement pour l’enfant certes, mais qui conservent toutefois une certaine distance. Deuxièmement, avant 3 ans, un enfant ne fait pas de caprice. Il n’a pas cette notion. Il va montrer à ses parents que quelque chose le dérange, le perturbe…

Le conseil est de lâcher, de passer le relais. L’enfant a besoin de s’exprimer, or avant 3 ans et demi, il lui est impossible de gérer ses émotions car il n’a pas la maturité cérébrale pour le faire. Alors, parfois, il faut laisser faire et laisser dire. L’adulte peut expliquer : “je ne te comprends pas, je te laisse, tu viendras me voir quand tu en auras envie ou besoin.”

Parce que demander à un enfant de se calmer n’a pas d’intérêt. Cependant, après coup, l'adulte peut lui demander ce qui s’est passé. Les enfants qui ont presque 2 ans sont capables d’expliquer. L’enfant va exprimer quelque chose et va, de lui-même, demander une histoire, un câlin, un moment d’apaisement. Une réponse à son besoin.

 

Pour récapituler:

> l’éducation positive a du pour et du contre, il reste essentiel de poser des limites

> dire stop est préférable afin de limiter l’utilisation du « non »

> les négations dans les phrases n’ont pas d’intérêt : l’enfant n’en comprend pas le sens

> poser un interdit et l’expliquer, c’est passer par les étapes de la colère, de la frustration mais c’est le rôle de l’adulte : il sécurise

> ça n’est pas parce qu’on dit “stop” à un enfant qu’il ne nous aimera plus

 

Un exemple que nous partage Emie : l’enfant grimpe et se met en danger

“Si tu grimpes sur le mur, tu risques de te faire mal”. Donc en tant qu’adulte, on est là, on le voit, on l’accompagne. Comme il y a danger, on l’arrête et lui donne un interdit, sans s’affoler, sans crier.

Certains enfants vont recommencer, pour rechercher une réaction chez l’adulte. On reprend : “Stop je suis fâchée, tu entends : je suis en colère, je t’ai déjà expliqué : Si tu grimpes sur le mur, tu risques de te faire mal.”

 

N’hésitez pas à échanger sur ce sujet avec d’autres parents ou avec nos équipes Planet Karapat !

 

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